Le GHT Navarre Côte Basque exemplaire sur la réduction de l’empreinte carbone en service de réanimation polyvalente

Devant les défis environnementaux et sociétaux auxquels font face les sociétés actuelles, les établissements de santé doivent prendre leur part et agir en faveur d’une transition écologique et écoresponsable.

Les établissements du GHT Navarre Côte Basque, dont le Centre Hospitalier de Bayonne est l’établissement support, en intégrant la volonté de « s’affirmer comme des établissements socialement, écologiquement et économiquement responsable » comme un axe prioritaire de son projet d’établissement souhaitent en faire une ambition globale, en visant l’exemplarité, en tant qu’acteur majeur au sein du territoire. La mise en place d’une démarche de responsabilité sociétale et environnementale se justifie d’autant plus que les liens entre santé et environnement sont prégnants.

Les soins de santé représentent 8 % des émissions nationales de gaz à effet de serre (GES) selon le rapport du Shift Project1. Au sein des hôpitaux, les unités de soins intensifs sont les plus émettrices2.

L’éco-prescription de paracétamol en réanimation

Le paracétamol est un analgésique fréquemment utilisé et il a été démontré que la réduction de son utilisation par voie intraveineuse (IV) et son utilisation par voie orale (PO) en soins péri-opératoires permettaient de réduire les coûts et les émissions de carbone3.

L’étude a été menée dans l’unité de réanimation polyvalente de 22 lits. L’équipe « EcoRéa » du Centre Hospitalier de la Côte Basque, crée en 2019 et portée par une médecin réanimateur, composée d’infirmières et d’aides-soignants, avec l’aide de la logistique, du service de lutte contre les infections nosocomiales (SLIN) et de la pharmacie, s’est intéressée aux modalités d’administration du paracétamol.

L’objectif du travail mené par l’équipe était de diminuer l’impact écologique de l’utilisation du paracétamol en incitant à la prescription orale dès que cela était possible dans un service de réanimation.
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Une volonté de réduire la prescription par voie intraveineuse

Sur la base d’une étude de pratique réalisée dans le service, constatant que dans 35 à 58 % des cas, la prescription par voie intraveineuse (IV) n’était pas justifiée et que la voie orale aurait pu être utilisée, les équipes soignantes ont été sensibilisées à la nécessité de privilégier la voie orale du paracétamol dès que la voie digestive était fonctionnelle, du fait des moindre complications médicales (hypotension, réaction anaphylactique, infections…), de la moindre émission de gaz à effet de serre ainsi que de consommation en eau(4)

Le mois de janvier a été la période de transition entre une période contrôle qui était l’année 2023 et le début de l’année 2024. Les consommations des formes orales versus IV ont été analysées chaque mois suivant entre les deux périodes du 1er janvier 2023 au 1er janvier 2024 et du 1er février au 1er juin 2024.

A qualité de soins égale, 1,33 tonne d’équivalent CO2 en moins par an

Pendant la durée de l’étude le ratio de paracétamol IV/oral par mois a significativement diminué de 67%. Cette diminution est apparue d’emblée dès le début du mois de janvier 2024, après l’éducation des équipes de soins pendant la première semaine de janvier 2024.

L’émission d’équivalents de CO2 de la prescription de paracétamol par mois entre 2023 et 2024 a été significativement réduite de 31 %.

A qualité de soins égale, une réduction significative de la consommation d’eau et production de déchets

Dans le même temps, la consommation d'eau et l'élimination des déchets par mois ont été significativement réduits de 25 et 37%, respectivement.

A qualité de soins égale, un confort pour le patient et les professionnels

Cette modification de pratique met en évidence une réduction de l’empreinte carbone, de la production de déchets et des coûts pharmaceutiques mais également du risque d’infection, de l’incidence de réactions anaphylactiques et d’hypotensions pour le patient ainsi que du temps de soins infirmiers.

A qualité de soins égale, des économies significatives

Passer de l’IV au PO, ça ne coûte rien, au contraire, les coûts du paracétamol par mois ont diminué de 39% en réanimation entre les 2 périodes comparées.

A qualité de soins égale, une intégration dans les pratiques quotidiennes de l'écoprescription

L’éco-prescription est entrée dans les pratiques quotidiennes de l’équipe « EcoRéa » et, aujourd’hui, d’autres médicaments sont intégrés à cette démarche (inhibiteur de la pompe à proton, anxiolytique, antibiotique).
Souhaitant que cette dynamique essaime dans tous les services des établissements du GHT et s’enrichisse au gré des nouveaux projets sur la base d’une évaluation annuelle des pratiques et des impacts suite à la mise en œuvre des nouvelles modalités de prescriptions.
Le projet a été lauréat du prix "Eco-conception des soins" de la transition écologique en santé, remis le 22 mai au salon Santexpo  et a fait l’objet d’une publication dans Intensive Care Medecine, une des revues les plus prestigieuses de la discipline
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