Ce récit photographique est né sous l’œil de Xabi BARRENECHE, infirmier de nuit dans le service de réanimation et photographe. Cette exposition unique en son genre n'aurait pu voir le jour sans l'accord et la participation de ses collègues soignants
Exposition Photographique
« Nuits COVID" en réanimation
15 juillet - 15 septembre
Site Saint Léon – Hall Central
13 avenue Jacques Loeb
Bayonne
Le témoignage de l'auteur infirmier de réanimation et photographe
Je m’appelle Xabi Barreneche, j’ai 30 ans et je suis infirmier en réanimation au Centre Hospitalier de la Côte Basque.
Je consacre mon temps libre à la photographie, principalement de montagne ou de sport.
Cette fois ci, j’ai décidé de me lancer dans une nouvelle expérience : la Covid-19 en réanimation.
Travaillant exclusivement la nuit, ce projet s’est construit grâce à l’aide de mes collègues et de l’ensemble du service, pour être capable, sur mes temps de pause, d’immortaliser une situation que nous ne sommes pas prêts d’oublier.
Voici comment tout a commencé :
Bayonne 14 Mars 2020. La réanimation est prête et nous le sommes également.
Capacité habituelle maximum du service : 15 lits. Nous montons jusqu’à 27 patients simultanément dont 20 patients Covid.
La situation est incomparable avec le Grand Est ou l’Ile de France, mais croyez moi, c’est déjà largement suffisant. Nous vivons une situation exceptionnelle, nous obligeant à nous habiller comme lors d’une mission spatiale, à faire preuve de vigilance à chaque instant, en tenant, face à la fatigue, la sueur et au stress intense
Regardés par la France entière de manière héroïque, regardés par nos familles de manière inquiète, nous avons traversé deux mois intenses en émotion.
Dans cette instabilité sanitaire mondiale, je me demande chaque jour comment mettre en lumière nos nuits, comment montrer un aspect esthétique de notre quotidien, tout en conservant l’authenticité de notre travail en réanimation
.Je me lance alors, appareil à la main, en plein milieu d’un service méconnaissable. Je m’imprègne de cette ambiance, du regard inquiet et timide de mes collègues face à l’objectif. Peu à peu, on se laisse prendre au jeu. D’un point de vue technique, il est difficile de shooter dans ces conditions très sombres mais j’observe et voit au fil des jours de nouvelles alternatives, de nouvelles ombres et je m’adapte peu à peu à ce rythme. Je prends 15 à 20 minutes par nuit pour obtenir un échantillon de ce que nous vivons.
Je souhaite remercier chaleureusement tous mes collègues pour leur patience et leur dévouement. Oui, merci, merci car il n’est pas simple d’accepter d’être photographié à 5h du matin, lorsque les masques nous scient les oreilles, nous empêchent de respirer correctement ou lorsque les jambes semblent peser une tonne. Plus largement, il n’est pas simple de garder une surveillance de tout instant sur nos patients dans ces conditions.
Personne n’était formé à la Covid-19 et je suis fier d’avoir pu être aux côtés de ceux qui ne lâchent rien, à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit, quelques soient le service dont nous faisons partie ou les missions qui nous caractérisent.
Je souhaite également remercier la Direction de m’avoir aidé et soutenu pour mener à bien ce projet photo, qui aujourd’hui prend forme et me permet de vous présenter mes deux métiers de cœur.